CRITIQUE
6 juillet 2018. Quart de finale de la Coupe du Monde en Russie. Auteur d’un doublé au tour précédent face au Portugal, Edinson Cavani est incertain pour l’un des rendez-vous les plus important de sa carrière. Un coup de chance pour l’équipe de France au regard du parcours d’El Matador, retracé dans cet ouvrage de Romain Molina.
« Parler d’Edinson Cavani comme athlète sans évoquer la personnalité qu’il dégage serait superficiel. C’est quelqu’un d’une gentillesse et d’une sensibilité incroyables. Mais au moment de se dédier à sa profession d’athlète, il se transforme littéralement. »
De Danubio à Paris en passant par Palerme, Naples ou bien encore l’Argentine, le parcours de Cavani n’a pas toujours été de tout repos. A travers des chapitres courts et intenses, l’auteur nous fait voyager et nous retrace à travers près de quatre-vingt témoignages le parcours et la vie de l’actuel buteur du Paris Saint-Germain. Tous s’accordent à dire qu’Edinson Cavani est un travailleur acharné et un athlète hors-pair. Il est unique en son genre.
Mais quand on lit ce livre, on peut se rendre compte que c’est tout un pays qui est unique. Car, et c’est la thèse de l’auteur, on ne peut prétendre connaître une personne sans remettre en contexte tout son vécu. Edinson Cavani s’est construit à Salto, comme Luis Suarez, ville située dans l’Interior du pays, à six heures de route de Montevideo, la capitale uruguayenne. Ce livre fourmille d’histoire sur l’Uruguay, la façon dont s’est construit l’indépendance du pays, sur son football et les titres de 1930 et, surtout, de 1950.
Le football est bien évidemment au cœur de l’ouvrage de Romain Molina. Les premiers entrainements de Cavani à Danubio, ses premiers pas en Série A et dans les équipes de jeunes des sélections uruguayenne, avant ses grands débuts avec l’équipe nationale grâce à Oscar Tabarez, le sélectionneur actuel de l’Uruguay et l’un des hommes qui aura marqué l’histoire du football uruguayen. « Il y aura un avant et un après Tabarez ».
Un voyage géographique autour de la terre et des pérégrinations de l’attaquant de la Celeste, un voyage historique à travers l’histoire d’une nation, et un voyage intérieur avec la personnalité d’Edinson Cavani, qu’on ne peut comprendre qu’à travers les deux autres.
Les chapitres
Chapitre 1 : La légende du Gringo
Chapitre 2 : L’odeur de la mandarine
Chapitre 3 : Arriva El Flaco
Chapitre 4 : « Ce Pibe, il reste ici »
Chapitre 5 : TPO, FIFA et MSN
Chapitre 6 : L’âme des Charruas
Chapitre 7 : 50 000 dollars au soleil
Chapitre 8 : « Seuls les meilleurs pouvaient réussir… »
Chapitre 9 : Le destin d’Elias
Chapitre 10 : Coups de feu à Asuncion
Chapitre 11 : Nando, l’idole
Chapitre 12 : C’est ça, Cavani !
Chapitre 13 : Edi, El Capitan
Chapitre 14 : A gauche, toute !
Chapitre 15 : Docteur Edi et Mister Cavani
Chapitre 16 : La foi d’un homme
Chapitre 17 : L’oracle de la Celeste
Chapitre 18 : Les trois Ténors
Chapitre 19 : Le retour de Jésus
Chapitre 20 : Réunion entre vieux amis
Chapitre 21 : La solitude du chasseur
Chapitre 22 : Rendez-vous au premier poteau
Chapitre 23 : Mourir à Barcelone
L’avis de la rédaction
Romain Molina réussit le tour de force de retranscrire la vie de tout un pays en ne parlant que d’un seul homme, le tout en 250 pages. Cette épreuve est d’autant plus impressionnante qu’Edinson Cavani n’a pas encore terminé sa carrière de footballeur.
Pourtant, on se rend compte tout au long du livre qu’Edinson Cavani n’est pas un homme comme un autre. Et que l’Uruguay n’est pas un pays comme un autre. Et que ce livre n’est pas un livre comme un autre. Parce que Romain Molina est un formidable conteur et que, lorsqu’on ouvre ce livre, on ne le referme qu’une fois fini. Alors, on pourrait presque reprocher à l’auteur de ne pas en avoir écrit plus sur le joueur et le football de son pays, ou bien encore de ne pas avoir mis une petite bibliographie en fin d’ouvrage pour ceux qui aimeraient en savoir encore plus. Mais tout cela tient du détail et est compensé par un rythme frénétique, des chapitres courts, mais non pas dénué d’informations et d’anecdotes, ou bien encore par ces interviews que l’on peut trouver à la fin de certains chapitres. Parce que c’est l’une des autres forces de cet ouvrage : le nombre de personne interviewés. Tous ont connus El Matador dans sa jeunesse, ses premiers pas en Italie ou au Paris Saint-Germain. Chaque passage est utile au lecteur et il y a très peu de répétition, ce qui rend la lecture agréable.
En somme, n’hésitez pas à vous procurer ce livre. Vous ne vous ennuierez à aucun moment. Et c’est ce qu’on demande avant tout à un livre, n’est-ce pas ?