Le livre
Dans les lignes qui suivent, nous adopterons la formulation que l’auteur utilise au sein de son livre : la VARe pour la machine et le système, le VAR pour l’homme, VAR pour « Video Assistant Referee ».
Jacques Blociszewski analyse le phénomène de l’arbitrage vidéo depuis 1995. Il a vu passer bon nombre d’arguments en faveur de la vidéo — bien souvent les mêmes, formulés différemment. Depuis ses débuts, ne souhaite pas voir la VARe arriver dans les stades. S’il est trop tard pour cela aujourd’hui, il continue à se battre, en démontrant tous les défauts de la technologie, prônant une éducation aux images.
« Bien sûr que la FIFA se dit satisfaite — on ne tire pas sur une ambulance, surtout si c’est la sienne. » p.31
Il s’agit d’un livre très court, clairement à charge. On le voit dès le titre, l’auteur ne va pas prendre de pincettes et s’attaque point par point à l’arbitrage vidéo. Si nous n’allons pas récapituler tous les arguments avancés par l’auteur, et ils sont plutôt nombreux éparpillés tout au long de ce livre, on rappellera surtout trois points :
- Une image ralentie faussera toujours la perception que l’on a de l’image.
- Il est impossible de vérifier un hors-jeu sur une image arrêtée.
- Tous les pays ne sont pas sur un même pied d’égalité en ce qui concerne l’arbitrage vidéo.
Ces quelques arguments, bien plus développés dans le livre — mais également sur les Cahiers du Football —, sont utilisés par l’auteur pour évoquer le non-intérêt de l’utilisation de la VARe. Pour cela, l’auteur essaie de se placer à différentes échelles argumentaires au sein de ses chapitres : les instances, les arbitres, les joueurs, les médias et les supporteurs. Enfin, il dresse un court bilan sous forme de question au sein de son dernier chapitre, évoquant ainsi le futur de l’arbitrage vidéo.
Chapitres :
- La VARe à la Coupe du monde : une demi-réussite en trompe-l’œil
- Pourquoi la FIFA se trompe
- Des providéo ignorants, des antividéo éparpillés
- Des médias soumis et fermés
- La VARe en Allemagne : chaos et aveuglement
- Comment la VARe va échouer
Avis de la Rédaction
Le livre s’arrête peu de temps après la Coupe du monde en Russie, mais si l’auteur devait faire une mise à jour de son livre, nul doute qu’il ajouterait un chapitre dédié à l’Angleterre, tant on a parlé de la VARe outre-Manche ces dernières semaines. Ajoutons à cela le dernier évènement en date en Ligue 1 avec le geste de Ruben Aguilar — un joli coup de pied sur le système qui se trouve au bord du terrain, geste qui a fait le tour du monde — et le sondage de l’équipe qui a suivi, et vous avez-là une nouvelle étape de franchit dans le débat autour de l’arbitrage vidéo.
Mais alors, qu’en est-il de ce livre ? C’est un ouvrage d’utilité publique et tous les acteurs du monde du football devraient le lire. Il est clair que l’auteur maitrise parfaitement son sujet, mais on aurait aimé qu’il soit un peu plus vulgarisateur sur ce point. Les quelques sources avancées dans le livre auraient mérité un renvoi en note de bas de page ou en fin d’ouvrage afin de fluidifier la lecture de l’ouvrage. Bien que rapide, celui-ci s’en trouve parfois alourdi par des parenthèses inutiles.
Toutefois, excepté ce point négatif, on a été séduit par les arguments avancés. Même si le livre est court, l’auteur dresse un tableau assez général, et essaie d’évoquer tous les acteurs qui seraient touchés de près ou de loin par l’arbitrage vidéo. De même, les arguments en défaveur de la VARe sont très nombreux et viennent répondre à ceux avancés par ses partisans. On a donc le point de vue des défenseurs du système, auxquels répond Jacques Blociszewski.
Ce thème de l’arbitrage vidéo, bien qu’il fasse débat et que l’on en parle sur tous les plateaux de télévision, n’est pas assez abordé dans le paysage éditorial. Nous sommes donc contents qu’un tel livre puisse exister.