Ce que le football est devenu
De nombreux articles dénoncent depuis de nombreuses années la financiarisation du football professionnel, sa soumission permanente au diktat des télévisions, son éloignement des classes ...
De nombreux articles dénoncent depuis de nombreuses années la financiarisation du football professionnel, sa soumission permanente au diktat des télévisions, son éloignement des classes populaires… Y compris des articles signés de l’auteur de ce livre.
Mais il fallait bien un livre entier pour parvenir, comme l’a fait Jérôme Latta dans son ouvrage, à tout synthétiser. Car en mettant bout à bout tous ces éléments et bien d’autres, et, surtout, en replaçant tout cela sur le temps long, cet ouvrage a le mérite de coordonner tous les aspects de ces problématiques et à les articuler entre eux.
Ces évolutions ne peuvent se juger que sur le temps long. Car il y a une différence abyssale entre une première division qui découvrait juste la possibilité « d’arrondir ses fins de mois » avec les droits TV et un peu de merchandising au milieu de années 1980 et le football actuel mondialisé, vivant sous perfusion des opérateurs télévisuels avec des départements marketing structurés tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Et c’est de cette évolution au long cours que traite l’auteur. En insistant bien sur les rôles joués par chacun des protagonistes : qu’il s’agisse du pouvoir politique (ou plutôt de son apathie, en l’occurrence), économique, de la presse… Jérôme Latta remet chaque protagoniste face à ses responsabilités.
Par ailleurs, loin de se limiter à la financiarisation du football, l’auteur a aussi le mérite de se pencher sur toutes ses conséquences délétères : clubs se coupant de leur public originel dans un but marketing, surexposition médiatique conduisant à l’arbitrage vidéo…
Malgré tout, le livre se termine aussi sur une note positive. En donnant des raisons d’espérer via des contre-exemples pertinents, comme la Bundesliga, performante et attractive malgré la règle du 50+1 empêchant la prise de pouvoir d’un fond d’investissement étranger sur un club, l’auteur donne diverses pistes de réflexion pour permettre de ramener le football à ses amoureux. Lueur d’espoir mince mais bien réelle pour conclure un travail aussi pertinent que déprimant. Mais néanmoins remarquable.
Critique par Didier Guibelin