Dans la tête de Zidane
Critique Par où commencer cette critique ? Il faut déjà savoir que Zinédine Zidane n’est pas une personnalité facile à approcher, et se dévoile peu. Quand il parle football, il est avare en mots ...
Critique
Par où commencer cette critique ? Il faut déjà savoir que Zinédine Zidane n’est pas une personnalité facile à approcher, et se dévoile peu. Quand il parle football, il est avare en mots et plus rares encore sont ces mots quand il parle de sa vie privée. ZZ n’est pas facile à approcher ? Qu’à cela ne tienne ! Sabine Callegari, l’autrice de ce livre, psychanalyste de formation, nous propose d’entrer Dans la tête de Zidane.
« Si nous acceptons l’idée que le nom est au commencement du destin d’un homme, écoutons la vibration de celui-ci : Zinedine Zidane. La sonorité du mot “yin” s’y coule, tressée à la douce succession des syllabes. »
Rien que par cette phrase, je vais sûrement faire lever quelques sourcils. Je vais être franc : je ne comprends déjà pas l’intérêt de cette phrase. Je ne vois pas en quoi cette phrase sert le propos du livre, son utilité dans la compréhension de l’homme. L’un des problèmes du livre malheureusement est qu’il est parsemé de ce type de phrases et d’expressions, à la fois inutile et hors de propos.
Après avoir détaillé le rapport de Zidane à son père, d’une façon plutôt juste dans ce qui est sûrement le chapitre le plus pertinent du livre, Sabine Callegari poursuit son livre autour de l’amour et de la façon dont cela se présente dans le travail de Zidane. Elle met en avant son charisme pour justifier sa réussite en temps qu’entraîneur, mais aussi son échec.
« À la lumière de cette hypothèse, extrayons les mots-clés de la parole de Zidane — “L’équipe a besoin d’un autre discours, d’une autre méthode de travail, c’est pour ça que je m’en vais […] pour les joueurs […]” — et proposons une formulation sans voile : “À cette équipe correspond désormais un autre discours que celui de l’amour, une autre méthode de travail que celle de l’union sacrée ; c’est pour ça que je m’en vais, à cause des joueurs.”
Les joueurs, qui ne sont pas fautifs dans le discours de Zidane, le deviennent lorsque l’autrice interprète à sa façon les propos de l’entraineur français. Est-ce réellement ce que pense ZZ à ce moment-là ? Rien n’est certain. On sait aujourd’hui que la langue de bois est omniprésente, mais je ne pense pas que l’on doit renverser le discours à chaque fois qu’une parole est prononcée. Parfois, ce qui est dit est dit et n’est pas matière à la surinterprétation.
Mais allons plus loin encore, puisqu’il nous faut citer la fameuse théorie du coup de boule à Materazzi. Un chapitre entier y est consacré et c’est là que la lecture fût sûrement la plus laborieuse pour moi, historien de formation. En Histoire, la qualité d’une source est primordiale dans le cheminement de la réflexion, de la construction de l’hypothèse et de sa validation par les pairs. Pour faire simple : plus la source est proche des faits ou de la personne évoquée, plus elle est fiable. À l’inverse, plus cette source est éloignée, autant sur le plan géographique que temporel, du sujet évoqué, moins cette source est fiable.
Maintenant que vous avez ceci en tête, débutons. Le 9 juillet 2006, à Berlin, Zidane donne son fameux coup de tête à Materazzi. On sait que des mots ont été prononcés, mais aucun des deux protagonistes n’a révélé le contenu exact des propos. Alors, les théories ont circulé, les plus célèbres et probables étant que le joueur italien a insulté la sœur ou la mère de Zidane. Ici, l’autrice nous apprend que le 24 août (déjà un mois et demi après les faits), “le site Internet des supporters du Valenciennes Football Club” a publié un article sur ce qui aurait été dit par Materazzi. L’article dit : “Un visiteur du blog de Beppe Grillo a apporté une nouvelle beaucoup plus convaincante sur le différend que Zidane a eu avec Materazzi.” Le visiteur du blog et l’article ne citent pas la source — ce qui est déjà une faute en soit. Un peu plus loin dans le livre, elle nous rapporte qu’elle n’a pas retrouvé l’article de Beppe Grillo en question, mais surtout qu’il s’agit d’une rumeur évoquée sur plusieurs forums de discussions italiens. En somme : personne n’a de source, mais puisqu’Internet le dit, c’est vrai. Surtout, elle utilise cette rumeur et cet article pour justifier ses propos concernant de potentiels problèmes entre Zidane et sa femme Véronique, ainsi que de probables relations illégitimes de Véronique avec Inzaghi et de Zidane avec la chanteuse Nâdyia.
Loin de moi l’idée que le résultat du raisonnement soit faux (après tout, on ne sait toujours pas ce qui s’est dit et personne ne veut parler). Ce qui me dérange ici est le cheminement emprunté pour arriver à cette conclusion.
En conclusion, je ne dirais pas que ce que l’on nous a promis a échoué. L’autrice nous fait entrer dans la tête de Zidane et nous propose sa vision de l’homme et du footballeur. Néanmoins, les arguments avancés ne nous ont clairement pas convaincus.
Faire une « psychanalyse » de quelqu’un que l’on n’a jamais rencontré, à qui on n’a jamais parlé est est non sens absolu !
A fortiori faire la psychanalyse de quelqu’un à son insu et sans son autorisation est ridicule.
C’est pourtant l’idée qu’à eu Sabine Callegari ! Drôle d’idée pour une soi-disante psychanalyste.
En revanche c’est une sacrée bonne idée pour se faire une place dans les médias. Zidane fera toujours vendre.
Livre sans intérêt pour ma part car comme dit dans cette critique : écrit sur des rumeurs et sans avoir jamais approché le principal intéressé !