England Away
Critique Allemagne-Angleterre. 1998. Allemagne-Angleterre. 1944. Bill Farrel, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, ne comprend pas tout ce vocabulaire que peuvent ...
Critique
Allemagne-Angleterre. 1998.
Allemagne-Angleterre. 1944.
Bill Farrel, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, ne comprend pas tout ce vocabulaire que peuvent employer les jeunes, qui vont juste aller voir un match de football. Lui a connu la guerre, la mort et le débarquement. Ces jeunes ne connaissent rien de la violence. Ça fait 50 ans qu’il doit vivre avec ces souvenirs.
Tom Johnson décide d’assister au match avec ses amis. C’est le début d’une nouvelle aventure. Il faut montrer à ces boches qui sont les patrons. Berlin ne connaît pas encore les anglais, mais ils vont apprendre. Et si au passage, il peut se taper quelques filles, alors c’est tout bénef’. Et surtout, casser la gueule aux allemands, pour tout ce qu’ils ont pu faire.
« Les architectes ont rendu les stades stériles, morts, les sièges ont tué l’ambiance. On dit que les yuppies ont envahi la scène du foot, mais c’est des conneries, parce que je n’en ai jamais vu un seul dans les pubs où on va boire un coup, mais par contre tout le monde s’est retrouvé mélangé avec tout le monde, et tu ne vas pas chanter tes chansons quand tu es assis à côté d’une mémé ou d’un mec avec ses mômes. C’est dans les médias, dans l’aspect business que les branchés ont investi leur blé. Le foot, c’est cher, et la plupart des gens comme vous et moi passent tout le match à se remettre de la branlée qu’ils se sont pris au guichet. » p.86
Ces deux histoires, parallèles au sein du livre, pourraient ne rien avoir en commun, si ce n’est cette thématique guerrière. On comprend finalement tout au long du livre que ce n’est pas forcément le cas. Le voyage en bateau, qu’il soit sur un ferry ou pour débarquer sur les côtes normandes, semble propice à John King pour évoquer le voyage, l’amitié, la solitude… Le livre est construit sur la même dynamique. L’auteur établit ainsi de nombreux points communs entre les deux générations, qui semblent pourtant si éloignées l’une de l’autre.
Les chapitres
Une race d’insulaires
Le no man’s land
Les portes de l’Occident
Blietzkrieg
Avis de la rédaction
John King a écrit ce livre en 1998, mais il me semble par moment que c’était hier. La puissance de son écriture sur les supporters et le hooliganisme est bien connue, et ses phrases, écrites il y a plus de vingt ans, résonnent encore à mes oreilles.
La construction du livre est plutôt simple, comme je l’ai déjà évoqué. Les deux protagonistes partent de l’Angleterre pour arriver en Allemagne, à Berlin. Seulement, il y a 50 ans entre ces deux histoires. Enfin, pas tout à fait, puisque dans le cas de Bill Farrel, on suit ces pérégrinations à travers ses souvenirs. On le retrouve donc parfois en 1998, entouré de ses amis, qui ont eux aussi connu l’enfer de la guerre.
Alors, on voyage entre Londres, Amsterdam et Berlin. On voyage entre les pubs, les bordels et les chambres. Mais le football est en vérité bien éloigné de toute cette histoire. Certes, les protagonistes se rendent à Berlin pour assister à un match, mais il s’agit surtout d’un prétexte pour évoquer toutes les problématiques du football anglais à cette époque : prix des places, manque de place laissée aux supporters, et surtout – pour les protagonistes -, plus de bastons comme à la grande époque. Chacun se fera sa propre idée sur la question à la lecture du livre.
Toutefois, lire John King n’est pas pour tout le monde. C’est un auteur qui vous prend aux tripes et ne les lâchent jamais. Laissez-vous happer par sa première page et vous lirez le livre. Selon moi, on aime ou on n’aime pas John King, il n’y a pas de juste milieu. Et on peut raisonnablement comprendre pourquoi on n’aime pas. Son style est direct, parfois injurieux, les thèmes abordés sont crus et on s’attache à des personnages qui n’en ont rien à faire de tout, sauf du football et de se battre.
Mais Aux couleurs de l’Angleterre, ce n’est pas simplement ça. C’est un une tranche de vie.