On connaît la popularité du football, la fascination qu'il exerce, l'enthousiasme parfois violent dont il fait l'objet. A l'ère de l'athéisme moderne, ce sport a ainsi acquis un statut de bien culturel, qui se traduit en commerce chez les uns, en catharsis chez les autres, en colère chez d'autres encore. Telle est la dimension sociologique du phénomène. Mais le jeu offre d'inépuisables possibilités de résonance pour les significations les plus impensables : chant lyrique, ode à la guerre, culte sacré, référence pour tous les types d'identité. Sa mise en scène oscille entre Mars et Eros, il simule une bataille (force, terreur), mais parodie des actes au contenu profondément sexuel (passion, amour). Et c'est en dégageant alors les principes fondamentaux du jeu, d'une part, le divorce du pied et de la main pour diriger le ballon, d'autre part, l'accouplement du pied et du ballon pour marquer le but et du gardien et de la cage pour l'éviter, qu'apparaît toute la richesse anthropologique du football.