CRITIQUE
Parmi la montagne d’ouvrage paru avant, pendant et après la Coupe du Monde, l’ouvrage de Régis Genté et Nicolas Jallot aurait pu paraître inaperçu. Bien que son approche ne soit pas des plus originales, le contenu est étonnant.
Parler de football et de politique en Russie, surtout en période de [mks_icon icon= »fa-map-marker » color= »#81d742″ type= »fa »] Coupe du Monde, pouvait apporter une approche simpliste du sujet. Pourtant, les auteurs ont réussi un tour de force : évoquer des aspects méconnus. On suit avec passion l’histoire du football en URSS, puis en Russie, de ses débuts à aujourd’hui. A ses débuts, le football soviétique est très lié au cyclisme – ou plutôt « vélocipède » pour être exact – et aux frères Starostine. Les quatre frères se prennent très vite de passion pour ce nouveau sport. En 1935, ils iront même jusqu’à créer leur propre club : le Spartak Moscou. Certainement trop populaires et dangereux pour le NKVD, ils seront envoyés au Goulag… où ils deviennent entraîneur de football.
Les auteurs essaient de ne laisser personne de côté. Les géorgiens et la grande équipe du Dynamo de Tbilissi sont ainsi évoqués au second chapitre de cet ouvrage. Puis c’est au tour de la tournée d’une équipe Basque en 1937 de faire l’objet d’un chapitre. On retrouve ensuite les frères Starostine afin d’évoquer le Spartak, l’équipe du peuple. On va également retrouver des chapitres plus classiques, autour de Lev Yachine – seul gardien Ballon d’Or de l’histoire, si on doit encore le rappeler – et du prétendu « match de la mort » de 1942. Toutefois, certains chapitres interpellent. Le cinquième chapitre du livre est ainsi consacré au ballet et à l’opéra. Chostakovitch s’est inspiré d’une tournée du Dynamo de Moscou en 1920 afin d’écrire l’Age d’Or. Un match de foot est ainsi au cœur du ballet. Autre chapitre étonnant, le neuvième chapitre s’intéresse aux voix du football, celle des commentateurs. Les auteurs retracent ainsi les générations qui se succèdent au micro afin de faire vivre les rencontres aux auditeurs et aux téléspectateurs.
Les derniers chapitres sont un peu plus classiques, mais offrent un regard neuf sur les actualités récentes autour du supportérisme russe ou bien encore de la région du Caucase. Enfin, la conclusion est un excellent rappel sur l’utilisation du sport, et pas seulement du football, dans la politique de Vladimir Poutine.
Chapitres
Introduction
- « The show must go on »
- Beria et les « Grands Uruguayens »
- « Tellement à apprendre du football bourgeois »
- Des paillettes au Goulag
- Le ballet du peuple
- Propagande contre propagande
- Le « match de la mort »
- Lev Yachine, l’araignée noire
- Tous devant la télé
- Science et football
- Le virage du Zénith
- Pacifier le Caucase
Conclusion. Poutine, la puissance par le sport.
Avis de la rédaction
Il y a plusieurs choses de biens avec cet ouvrage. Dans un premier temps, je ne saurais que trop évoquer le manque d’ouvrages en français sur la question, ce qui fait que le livre de Régis Genté et de Nicolas Jallot est un bien précieux que vous devez vous procurez. Dans un second temps, je dirais que c’est une excellente porte d’entrée sur ce sujet. Vous en apprenez suffisamment pour ne pas avoir besoin de plus de livres, mais vous devriez être assez curieux pour en savoir plus à la suite de cette lecture. Les chapitres sont relativement courts – une quinzaine de pages environ -, et, ô joie ! les notes situés en bas de pages apportent de nombreuses précisions.
Pour un néophyte de la question que je suis, la lecture a été très agréable. L’ouvrage est très accessible, et on sent qu’on n’a pas perdu son temps. On pourrait peut-être regretter le trop grand classicisme de certains chapitres, mais il aurait été difficile de faire plus simple dans le traitement des sujets.
Pour résumer : lisez Futbol, vous apprendrez forcément quelque chose.
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