Guardiola
CRITIQUE: Lorsqu’un philosophe supporter de Madrid se décide à écrire une biographie de Pep Guardiola, un sourcil se lève. Lorsque cet auteur a déjà écrit un livre dédié à la rivalité du Barça ...
CRITIQUE:
Lorsqu’un philosophe supporter de Madrid se décide à écrire une biographie de Pep Guardiola, un sourcil se lève. Lorsque cet auteur a déjà écrit un livre dédié à la rivalité du Barça et du Real (Clàsico Barcelone – Real Madrid : la guerre des mondes, 2013) et une biographie de José Mourinho (Le cas Mourinho, 2013), la curiosité nous gagne. Lorsque le titre ‘Pep Guardiola, éloge du style’ apparait en 2015, une seule envie : la lire.
Entre-temps le catalan alors au Bayern, a conquis l’île britannique et continué à transformer le football. Tout ça au pays du Kick & Rush… Alors quand en 2021, une version poche mais surtout une version actualisée est éditée, livres-de-foot ne pouvait pas passer à côté.
Ce récit part à la recherche des influences, des secrets et des méthodes qui ont fait de Pep Guardiola, l’entraineur le plus influent et le plus admiré de son époque. Le football selon Guardiola, c’est d’abord une certaine manière de voir le monde. Pep, c’est un style.
L’avis de la rédaction :
Tout commence par un procès, un procès de sorcellerie. Qu’avait fait cet homme, qui n’était qu’un entraineur, pour mériter tant d’éloge et voir tant de personnes dévastées de son départ de Catalogne ? Comment a-t-il réussi à influencer le football allemand durant son passage à Munich et le football anglais depuis son arrivée chez les Citizens ?
L’accusé se verra reprocher de ne pas avoir réussi à soulever la Coupe aux grandes oreilles sans Leo.
« Nous savons trop bien le sort que notre ingrate époque réserve aux idéalistes. Le football n’est pas une activité ou l’on dresse durablement des statues.
Le marbre est beau, brillant. On se plait à l’admirer les jours de beau temps mais la pierre y est plus fragile qu’ailleurs. Elle casse au moindre coup de burin malhabile, elle s’effrite à la première averse.
A peine couronnée, la statue de l’entraineur disparait des fragiles édifices de la mémoire. »
Certes mais son influence sur le football est plus large. En 6eme division anglaise vous verrez des équipes tenter de construire de derrière. Des ados des quatre coins du monde, améliorer leurs rapidités de prise de décision dans des rondos, des entraineurs en herbe essayer de replacer leur arrière gauche dans l’axe pour renforcer la densité de son milieu.
Ce livre c’est celui d’un fan de Madrid mais amoureux du football. Cette biographie, qui n’en est finalement pas tout à fait une, emmène le lecteur vers sa vraie passion : le jeu. Celui de tous les gamins du monde qui jouent à être Platini, Zidane ou Mbappé selon sa génération, sur n’importe quel terrain, délimité par des buts de fortune.
On y découvre un homme ouvert à de nombreuses disciplines, en pèlerinage à travers le monde à la recherche de conseils, de mises en garde et de discussions riches avec un seul dessein : produire le plus beau football. Celui de son rêve : marquer un but en ayant fait passer le ballon chez les 11 protagonistes de son équipe. Tout un programme.
Thibaud Leplat réussi à nous faire repenser au vrai football, pas celui de la super League…
Il nous fait découvrir la vie d’un homme passionné, incapable de penser à autre chose que son sport plus de 30 min. Cet homme fidèle à ses idées au point de détester se renier mais néanmoins capable de se torturer tellement l’esprit (Pep peut s’enfermer dans son bureau toute la nuit pour regarder des heures d’images de son futur adversaire et trouver LA faille) qu’il en ressort une idée trop difficile à appliquer par ses joueurs ou trop risqué par rapport à l’enjeu. Mais qu’importe le résultat tant que le jeu est là.
Et puis finalement avec 30 titres dans sa musette, les fans du ‘tout pour la gagne’ y trouveront aussi leur compte.
Petit coup de chapeau au chapitre complémentaire de cette nouvelle version :
Un joli coup de sonde sur l’influence de Pep dans le football français. Jean-Marc Furlan et Erick Mombaerts y vont de leur petit couplet pour montrer comment le catalan participe à apporter des idées nouvelles au football français. Cela vaut le détour, tout comme l’interview d’Éric Abidal (déjà présente dans la première version).