Hool
Heiko ne peut pas compter sur sa famille : son père est alcoolique et sa mère a fui le foyer familial quand Heiko était tout petit. Alors, Heiko tente de se construire, seul. Il arrête ses ...
Heiko ne peut pas compter sur sa famille : son père est alcoolique et sa mère a fui le foyer familial quand Heiko était tout petit.
Alors, Heiko tente de se construire, seul. Il arrête ses études et va aider son oncle dans la gestion de sa salle de gym, pour vivre et percevoir un salaire de misère. Son argent, c’est le sien. Et Heiko a de la chance, car il a trouvé où vivre sans dépenser d’argent. Son colocataire, qui organise des combats de chiens, lui laisse occuper une chambre gratuitement en échange de petits services. Cela suffit à Heiko, qui ne se pose pas trop de questions.
S’il ne peut pas compter sur sa famille, il peut néanmoins compter sur son groupe d’amis. Tous supportent le Hanovre 96 depuis de nombreuses années. Tous prennent du plaisir dans les tribunes et devant un bon match de football. Mais ce qu’ils préfèrent, ce sont les fights. Car Heiko et ses copains sont des hools. Ils aiment se frotter à d’autres bandes. Et Heiko ne vit plus que pour ça désormais. Il aide son oncle à organiser les rencontres – même si ce dernier ne lui laisse que peu de marge de manœuvre en réalité.
Alors, quand l’un de ses amis décide d’arrêter, Heiko se sent abandonné. Sa vie, déjà chaotique, est chamboulée. Il perd le peu de repères qui lui restait.
Hool, de Philipp Winkler, raconte la vie d’un jeune paumé, qui se sent vite encore plus paumé.
Avis de la rédaction
Je suis mitigé.
La première partie du livre est longue – très longue. Il y a de l’action, mais il ne se passe pas grand-chose, pour une raison plutôt simple : Heiko ne prend pas de décision. Alors, évidemment, quand on suit un personnage qui ne prend aucune décision, on a envie de le bousculer, de le secouer, de lui hurler à l’oreille : « FAIS QUELQUE CHOSE ! ». C’est déjà le cas au cinéma, c’est aussi le cas en littérature. On a l’impression que le personnage subit l’histoire sans réellement la vivre, que Heiko suit les ordres sans se questionner – même si ça le fait un peu chier.
Fort heureusement – si vous avez tenu jusqu’à la moitié de l’ouvrage à peu près -, tout cela s’arrange dans la suite du livre. Heiko commence à s’affirmer et à développer à la fois son esprit et sa vision de la vie. À partir de là, même si les décisions qu’il prend ne sont pas toujours les plus judicieuses, Heiko devient un personnage intéressant. Mais il faut absolument tenir cette chaotique première partie… Est-ce que tous les lecteurs auront la patience ? Je ne sais pas, mais je l’espère.
Car c’est seulement dans cette seconde moitié que l’on comprend pourquoi l’auteur a reçu des prix pour ce premier roman. Hool, de Philipp Winkler, souffre de la comparaison évidente avec les ouvrages de John King – Football Factory pour ne citer que lui. L’ambiance est la même, sa façon d’écrire souffre des mêmes défauts – bien que la plume de l’auteur allemand soit moins acerbe et moins anarchique -, mais repose sur les mêmes qualités. Le roman de Philipp Winkler est plus saccadé, car l’histoire de son protagoniste Heiko est déstructurée : on passe de sa vie actuelle à son adolescence, puis on retourne au présent avant de basculer dans son enfance, etc. En somme, si vous avez aimé John King, vous aimerez sûrement Philipp Winkler.
Par @Donovan_VLMT