La Narcos League - Argent sale et football colombien
La Colombie. Le pays de Carlos Valderrama, René Higuita, Mario Yepes et James Rodriguez. Si les artistes colombiens ont parfois ébloui la planète football, la raison qui vaut à ce pays une ...
La Colombie. Le pays de Carlos Valderrama, René Higuita, Mario Yepes et James Rodriguez. Si les artistes colombiens ont parfois ébloui la planète football, la raison qui vaut à ce pays une réputation mondiale n’est pas le ballon rond. Ni même le cyclisme alors que ce pays a produit de nombreux grimpeurs de légende. Pas plus que la musique, malgré le triomphe mondial de Shakira depuis deux décennies. Non, la triste raison qui place la Colombie sur la carte du monde, c’est la production de cocaïne.
Et comme tous les trafiquants de drogue multimillionnaires, voire milliardaires, les colombiens doivent blanchir cet argent. Et le football est une cible de choix en la matière au vu de la passion débordante des sud-américains.
C’est cette histoire que Victor Massias, journaliste passionné par la Colombie, a décidé de raconter dans son livre. Ou comment ce pays fou de football a-t-il pu vivre avec un championnat rongé par les narcos pendant des années.
Comment cette équipe nationale qui faisait partie des outsiders a-t-elle pu se planter au mondial 1994 à cause de joueurs terrorisés ? Comment un grand défenseur comme Andres Escobar a-t-il pu perdre la vie pour un malheureux but contre son camp qui a précipité l’élimination ? Comment les frères Rodriguez Orejuela, Pablo Escobar (aucun lien de parenté avec Andres) ou Gonzalo Rodriguez Gacha ont-ils pu mettre en coupe réglée tout un football et tout un pays ? Comment l’argent du trafic a même permis de former un joueur comme James Rodriguez ? Arbitres terrorisés et violentés, joueurs payés en narcodollars, matchs achetés, joueurs (parfois) traités comme des rois par leurs patrons… C’est tout cela le « narcofootball ».
Basés sur de nombreux entretiens et des recherches sur les archives, ce livre raconte comment le football colombien, malgré de nombreux joueurs de talent, a souffert de l’appétit de pouvoir des trafiquants. Comment les classes politique et économique colombiennes a été écrasée par le pouvoir des cartels. Et comment certains de leurs membres ont même payé de leur vie leurs tentatives d’y résister. Par ailleurs, le style journalistique du livre en permet une lecture facile et agréable. Avec un chapitrage par cartels et par clubs. Seule la mort d’Andres Escobar bénéficie d’un chapitre hors de classement qui est d’ailleurs celui qui ouvre le livre.
La narcos league est donc un livre où, comme souvent, le football est utilisé comme miroir grossissant d’un problème de société beaucoup plus vaste. L’emprise des narcotrafiquants sur le monde du football y est décrite avec précision.
quelle enquête ! on sent toute l´admiration de l´auteur pour la Colombie et son affection pour les colombiens malgré ce passé trouble dont les stigmates perdures