L'Argent du football
CRITIQUE C’est peu dire que d’affirmer que l’économie prend une place de plus en plus prépondérante dans le traitement du football. Plus précisément, si l’on devait définir la tendance qui est ...
CRITIQUE
C’est peu dire que d’affirmer que l’économie prend une place de plus en plus prépondérante dans le traitement du football. Plus précisément, si l’on devait définir la tendance qui est celle que nous vivons actuellement, l’on pourrait dire que nous sommes en face d’une forme d’économisation du football. Evidemment cette économisation concerne avant tout le football professionnel et il n’y a finalement aucune surprise à voir que celui-ci est aujourd’hui considéré comme un objet d’étude économique tout à fait commun – au sens où il n’est aujourd’hui plus incongru de traiter de l’économie du football. Malgré les analyses simplistes et caricaturales qui sont déversées à foison par de nombreuses personnes – y compris beaucoup de journalistes football qui s’égarent presque à chaque fois qu’ils tentent de parler d’économie du foot comme en atteste le débat régulier sur les montants de transferts au cours desquels lesdits journalistes ou observateurs oublient de raisonner en euros constants, ce qui rend caduque toute réflexion – l’analyse économique du foot s’impose petit à petit pour la simple et bonne raison que le sport roi brasse chaque année des sommes plus importantes. Il n’est donc guère étonnant que le CEPREMAP (le Centre pour la recherche économique et ses applications) ait édité L’Argent du football rédigé par Luc Arrondel et Richard Duhautois, tous deux économistes, un livre qui prend une résonance toute particulière après les révélations des Football Leaks.
Les chapitres
Les propriétaires : « Més que un club »
Les revenus des clubs: « Riches et célèbres »
Les joueurs : « Dépenser plus pour gagner plus ! »
Les fans du stade: « You’ll never walk alone »
Football: quelle régulation ?
Epilogue: « Beautiful game »
Avis de la rédaction
L’Argent du football se présente comme un petit précis d’économie du football. Loin des phrases grandiloquentes poussées sur certains plateaux TV et qui décrivent finalement assez mal la réalité économique du football professionnel, les deux auteurs l’abordent avec une rationalité économique qui fait du bien dans l’hystérie générale. Nulle outrance, nulle facilité à jouer les oiseaux de mauvais augures et à hurler avec les loups dans ce petit précis, simplement une analyse économique précise et ciselée des grandes tendances qui parcourent le football européen depuis des décennies. Si le football est un sport simple rendu compliqué par des gens qui n’y connaissent rien, selon la célèbre phrase de Bill Shankly, l’économie du football est souvent une matière obscurcie par des personnalités se prétendant expertes mais n’y connaissant pas grand-chose. A force d’entendre que le football était devenu une bulle et que celle-ci devait nécessairement éclater un jour ou l’autre, nombreuses sont les personnes à l’avoir intégré sans réfléchir plus que cela. La démarche des deux économistes, que l’on pourrait qualifier de holistique en cela qu’elle s’intéresse à l’entièreté de ce qui constitue l’économie du football (des propriétaires de clubs à la vente de joueurs en passant par une hypothétique régulation), permet à l’aide de graphiques et de tableaux divers et variés de bien saisir la complexité d’un secteur économique qui est porté par des entités finalement modeste d’un point de vue du budget ou du chiffre d’affaires mais qui reposent sur une devise très puissante, celle de la fidélité. L’Argent du football aborde effectivement – et il me semble que c’est la première fois dans une étude économique aussi poussée – le rôle des supporters d’un point de vue économique. A l’heure où certains clubs anglais n’ont plus besoin de la billetterie pour faire des profits, cette analyse est d’une grande utilité. Plutôt que de pérorer sur leurs analyses en conclusion ou adopter un ton péremptoire, les deux auteurs s’échinent à dresser des pistes de régulation possible du football professionnel, un peu comme pour montrer qu’en économie (comme ailleurs) il n’y a jamais qu’un seul chemin possible.
Précision : la note donnée ne saurait être objective (je ne crois pas à l’objectivité) et ne reflète que mon avis.