Le Football des immigrés France-Algérie, l'Histoire en partage
La France, n’en déplaise aux populistes contemporains, a toujours été une terre d’accueil. Bien que le traitement réservé aux immigrés ne soit pas exempt de tout reproche, ces femmes et ces ...
La France, n’en déplaise aux populistes contemporains, a toujours été une terre d’accueil.
Bien que le traitement réservé aux immigrés ne soit pas exempt de tout reproche, ces femmes et ces hommes courageux ont réussi bon gré mal gré à trouver leur place dans le pays des Lumières.
Venus pour s’atteler aux dures besognes que les autochtones ne souhait(ai)ent pas réaliser et/ou aider le pays à se remettre sur pied après les conflits mondiaux, ils ont réussi au prix de d’énormes sacrifices à réaliser les tâches qu’on leur conférait tout en essayant d’offrir à leur famille un avenir meilleur. Ce noble sacrifice devait, d’une part, améliorer le quotidien de ceux restés au pays et, d’autre part, tout mettre en œuvre pour que leur descendance n’ait pas à exercer un travail aussi dur.
Cet apport de force vive a touché tous les pans de l’économie française. Selon une récente étude du cabinet de conseil Ernest Young, la filière football en France représente chaque année 8 milliards d’euros pour 35 à 40 000 emplois. Vu l’importance de ce secteur d’activité et son caractère social dans les quartiers populaires, inutile de faire le fanfaron en s’égosillant sur le fait que football et immigration sont intiment liés.
L’histoire des numéro 10 des Bleus l’illustre parfaitement. Les trois noms que citent tout amateur de ballon rond quand ont le questionne sur ce poste seront instinctivement : Kopa, Platini et Zidane.
Ces légendes du sport français sont le symbole des vagues migratoires successives : le premier est le symbole de l’Europe de l’Est et plus particulièrement polonaise venue travailler dans les mines et vivre dans les corons de l’Artois ; le second est l’ambassadeur de l’immigration italienne venue renforcer les effectifs des métallurgies lorraines ; quant au minot de La Castellane, il est l’avatar de l’immigration maghrébine venue renforcer les rangs des usines automobiles et des compagnons du BTP.
Cette dernière vague revêt une histoire particulière du fait du poids de l’Histoire. En outre, contrairement aux deux vagues précédentes, elle est marquée au fer rouge par la colonisation et tous les stigmates qui marquent, encore aujourd’hui, les deux rives de la Méditerranée.
Dans son ouvrage, intitulé « Le football des immigrés : France/Algérie, l’histoire en partage », Stanislas Frenkiel réalise un travail d’orfèvre pour remonter aux racines historiques de ces liens forts et particuliers qui lient ces deux pays.
À travers le prisme du football, l’écrivain entreprend un travail historico-sociologique, qui nous permet de mieux comprendre la connexion particulière et complexe entre ces deux nations. Aucun thème n’est éludé, de la colonisation, en passant la guerre d’indépendance et l’épopée de l’équipe du FLN, ou encore le thème de la binationalité. Chacune des étapes chronologiques se conclue par un entretien riche et parfois émouvant.
Justesse, intégrité intellectuelle, objectivité et travail sourcé sont les points cardinaux de l’auteur. Le travail documentaire est une mine d’or qui permettra à tout un chacun d’aller plus loin dans sa quête de savoir.
Ce livre illustre encore une fois que le sport le plus populaire au monde est plus qu’un sport et que malgré le fait qu’on souhaite le restreindre à 22 joueurs qui courent après un ballon, il revêt une dimension sociologique et politique non neutre.
À la conclusion de cette très belle étude, une graine a germé dans mon cortex : quel beau symbole nous offriraient ces deux pays si un match amical Algérie/France était organisé avec sur les bancs respectifs Djamel Belmadi et Zinédine Zidane…
Critique de @RafikFik1