Underdog
CRITIQUE Diplômé, mais sans véritable expérience, que peut-on bien faire dans la vie quand on a moins de 30 ans et qu’on est paumé ? Tenter sa chance ailleurs, direction l’Angleterre et ...
CRITIQUE
Diplômé, mais sans véritable expérience, que peut-on bien faire dans la vie quand on a moins de 30 ans et qu’on est paumé ? Tenter sa chance ailleurs, direction l’Angleterre et plus particulièrement Londres. Il paraît que l’herbe est plus verte ailleurs, et c’est ce qu’a décidé de vérifier le héros de ce roman.
« Le maillot, d’où que tu viennes, partout en Angleterre, il nous met tous à égalité le week-end. », p. 113
Good Morning England
On va donc suivre un jeune de banlieue parisienne âgé de 23 ans, pas encore diplômé et qui n’est jamais nommé, qui décide de partir en Angleterre sur un coup de tête. Le livre commence donc sur la rencontre qui lui fait prendre cette décision qui va changer sa vie. On suit dès lors ses pérégrinations au sein de la capitale, de sa quête d’un emploi à sa recherche d’appartement, en passant par sa vie amoureuse.
Passionné de football, il va naturellement profiter de sa vie londonienne pour se rendre dans les plus prestigieux stades anglais. De Stamford Bridge à Anfield en passant par St James’ Park, le principal protagoniste s’imprègne de l’atmosphère des tribunes anglaises – ses chants et ses ambiances uniques -, dans une forme de groundhopping romancé.
Mais avec un boulot de cuisinier et un loyer à payer, on ne peut pas se rendre à tous les matchs. Notre jeune français va donc se décider à aller voir les matchs… directement dans les pubs. Ici, il va pouvoir se confronter à la culture britannique, sur fond de musique rock, de Brexit et de matchs de football.
Gueule de bois londonienne
Les rencontres de championnats se succèdent, le temps s’écoule et notre personnage évolue alors qu’il s’habitue peu à peu à sa nouvelle vie. Les soirées s’enchaînent, les amitiés et les coups d’un soir également.
Notre protagoniste passe de plus en plus de temps dans les pubs et les night clubs londoniens. A travers lui, on visite la capitale anglaise, de jour comme de nuit. Et avec un rythme de vie comme celui-ci, nul doute que ses amis aperçoivent un changement de comportement. On retrouve donc parfois la France et la banlieue parisienne, pour de brefs chapitres marquants l’évolution du personnage, rappelant ainsi que sa vie est désormais en Angleterre.
Chapitres
Le livre est divisé en 3, chacune racontant un passage de la vie du protagoniste, depuis son arrivée à Londres jusqu’en 2016. En quelques mots, c’est la grandeur et la décadence d’un jeune expatrié.
Avis de la rédaction
Ce livre s’adresse à beaucoup de gens, principalement à ceux qui ont moins de 30 ans, un diplôme en poche, mais une perspective d’avenir plus floues qu’une nuit d’hiver dans le brouillard londonien durant la Révolution Industrielle. Ce livre va parler à cette génération paumée, à qui l’on demande 3 ans d’expérience à peine diplômée et qui doit donc enchaîner les stages. Le héros de ce roman, c’est un peu tout cela. Ce sentiment est d’autant plus renforcé que le héros n’est jamais nommé, on peut donc facilement s’identifier à lui. C’est la force principale de ce roman.
Grâce à des chapitres assez courts, fragmentés sous la forme d’un journal, les auteurs ont pris le parti de ne pas s’étaler en description : on ne voit que ce que le personnage perçoit à cet instant, sans nous rabâcher tout un historique qui viendrait casser le style du roman, ou au moment de nous partager ses impressions. L’histoire du pays, de la ville et des personnages rencontrés est présente lors des dialogues, qui nous font donc découvrir des personnages haut en couleurs. Le football, s’il est omniprésent, sert surtout à l’avancée du récit : beaucoup de poncifs sont avancés, et ce n’est pas un livre qui, de toutes façons, a été écrit pour faire évoluer ou expliquer les mentalités des supporters ou des acteurs du football.
Les auteurs ont également suivi l’actualité. Le Brexit y tient une place particulière, mais le chapitre le plus marquant est certainement celui consacré aux attentats du 7 janvier 2015. Sans tomber dans le pathos, on ressent une vive émotion à la lecture de ce chapitre. Ce passage a véritablement dû servir de catharsis aux auteurs.
On ne peut que recommander cet ouvrage : lire ce livre, c’est se poser les mêmes questions que le personnage principal. Et si on osait, nous, franchir le pas ?