Des écrivains et du sport
Le sport et la littérature sont complémentaires et s’enrichissent mutuellement, on vous le répète souvent. La littérature sportive a de beaux jours devant elle. Julien Legalle est probablement ...
Le sport et la littérature sont complémentaires et s’enrichissent mutuellement, on vous le répète souvent. La littérature sportive a de beaux jours devant elle. Julien Legalle est probablement l’un de ses plus solides ambassadeurs. Son livre, son œuvre, est une déclaration, une ouverture sur un monde où le sport et la littérature s’allient de bon cœur, unissent leurs univers complices et complémentaires. 14 portraits d’auteurs viennent garnir les pages de ce livre avec un doux mélange des sports et des genres. Trois d’entre eux viennent représenter la discipline qui nous intéresse particulièrement ici, avec Pier Paolo Pasolini, Luis Sepulveda et Albert Camus.
« Réunir des mondes soi-disant contraires, rapprocher deux univers supposés antagonistes, marier, pour tout dire, cette fameuse « tête » et ces fameuses « jambes ». »
Henri Desgrange, 1897
Le chilien Luis Sepulveda disait « je suis arrivé à la littérature par le foot ». L’auteur de « Le vieux qui lisait des romans d’amour » était un amoureux du Sporting Gijon, ville dans laquelle il était arrivé en 1996 après avoir vécu à Hambourg en Allemagne pendant près de 15 ans.
Julien Legalle, l’auteur de ce livre, raconte dans une transversalité enrichissante la vie et l’œuvre de Sepulveda ainsi que Pasolini et Camus, marquant sur le papier, comme indélébile, le lien qui unit leurs existences au football.
Albert Camus, gardien de but, « ce poste de l’absurde où on ne fait qu’attendre que l’irrémédiable advienne, en conscience, mais en se révoltant » était un inconditionnel du football malgré l’interdiction de jouer de sa grand-mère qui ne voulait surtout pas que son petit-fils abîme ses souliers. Le natif de Mondari a toujours clamé son amour du ballon rond et du sport en général. Il disait, en mai 1959 : « je n’ai connu que dans les sports d’équipes cette puissante sensation d’espoir et d’exaltation qui accompagne les longues journées d’entrainement jusqu’au jour du match victorieux ou perdu ».
Pier Paolo Pasolini, lui, maniait la plume et la caméra sans perdre de vue le football, qui n’était jamais loin, comme pour beaucoup d’italiens. Tifoso de Bologna, il dit « souffrir pour cette équipe ». Il écrira plusieurs articles et textes sur le football en plus de son œuvre cinématographique dont « Le football est un langage avec ses poètes et ses prosateurs ».
Julien Legalle nous offre, sur un plateau, les portraits d’auteurs qui avaient un rapport particulier au sport et qui s’en servaient pour enrichir leurs travaux respectifs. Le « corps » et la « tête » sont irrémédiablement liés, l’esprit nourri de ces valeurs profondes qui font le sel et l’existence de toutes les disciplines sportives du monde. Un livre et un travail profond, qui méritent un arrêt croustillant sur ces vies pas comme les autres. A lire dans l’ordre que l’on souhaite, des auteurs qui nous intriguent et de ces histoires sportives qui viennent relier un peu plus la littérature et le sport. Et tant mieux.