Diego intime
Diego Maradona, D10S, El pibe de Oro… Peu importe le nom que l’on utilise pour le qualifier, il semblait indéniable depuis plusieurs années que tout avait été dit, écrit, raconté ou documenté sur ...
Diego Maradona, D10S, El pibe de Oro… Peu importe le nom que l’on utilise pour le qualifier, il semblait indéniable depuis plusieurs années que tout avait été dit, écrit, raconté ou documenté sur le prodige argentin.
Pourtant, un homme n’avait pas donné, hormis quelques témoignages dans des documentaires, sa version de l’histoire. Celui qui fût, bien plus que les entraîneurs successifs de Maradona, le témoin privilégié de la légende.
Préparateur physique personnel (un fait unique à l’époque) de Diego, Fernando Signorini raconte « son » Maradona. Des débuts de leur collaboration après la fracture de la cheville subie au Barca sur un tacle de Goikoetxea, à leur collaboration lors du mandat de Maradona à la tête de l’équipe d’Argentine. Signorini raconte ses méthodes de travail, particulièrement en avance sur l’époque. Il raconte aussi un Maradona intime qui trouva en lui un confident autant qu’une figure paternelle.
Ce proche d’entre les proches garde pourtant une certaine réserve sur les excès de l’icône. Il n’élude pas la problématique de la cocaïne à laquelle il consacre un chapitre entier. Ni celle du fils adultérin de D10S sur lequel il revient à plusieurs reprises. Il fait montre aussi d’une hostilité certaine vis-à-vis de plusieurs personnalités proches de Diego, notamment Carlos Menem à qui il voue une haine sévère qu’il ne cherche pas à cacher. Il reste aussi très critique vis-à-vis de Carlos Bilardo ou de la fédération Argentine. Les fréquentations « douteuses » y sont aussi évoquées brièvement. De Carmine Giuliano, capo de la camorra napolitaine, à Rafael Di Zeo, leader des barras bravas de Boca Juniors. Seul Maradona lui-même semble trouver grâce à ses yeux, au moins partiellement, au sujet des erreurs qu’il a pu commettre.
Ce livre est aussi une réflexion sur le football, le chauvinisme et la morale. Signorini y apparaissant plus proche de la sagesse d’un Marcelo Bielsa que des provocations cocaïnées de son joueur.
Il apparait d’ailleurs difficile de savoir ce que Signorini pense réellement de Diego sur le plan humain. S’il ne cache pas un attachement teinté de tendresse envers le joueur, il raconte aussi néanmoins que Diego et lui sont parfois resté plusieurs années sans se contacter pendant les périodes où ils ne travaillaient pas ensemble. Un peu comme deux collègues qui s’apprécieraient sincèrement mais auraient beaucoup de mal à nouer une amitié véritable sur la durée.
Ce livre offre donc un éclairage inédit sur la carrière d’un des footballeurs les plus iconiques de l’histoire. Doublé de réflexion intéressantes sur le travail physique et sur le monde du football en général.
Critique par Didier Guibelin