La valeur du footballeur
« Les footballeurs sont trop payés !!! » Poncif entendu ça et là. Du déjeuner dominical obligatoire avec votre vieille tante acariâtre aux débats enfiévrés de comptoirs après quelques ...
« Les footballeurs sont trop payés !!! » Poncif entendu ça et là. Du déjeuner dominical obligatoire avec votre vieille tante acariâtre aux débats enfiévrés de comptoirs après quelques bières.
Mais au fond, quelle est leur vraie valeur économique à ces footballeurs ? Pourquoi des sportifs finalement pas plus méritants que ceux de dizaines d’autres disciplines arrivent-ils à négocier des salaires aussi hors normes pour certains d’entre eux ?
Ce sont à ces questions et à beaucoup d’autres que Manuel Schotté, sociologue à l’université de Lille, essaie de répondre dans une étude aussi complète dans les aspects abordés que dans sa temporalité puisqu’elle revient aussi bien sur le football actuel que sur les racines du jeu et de sa création dans l’Angleterre victorienne.
Il y détaille tous les aspects qui ont conduit à l’édification d’un marché du travail unique en son genre. Qu’il s’agisse de son absence relative de rationalité économique, ou de ses contraintes réglementaires incomparables avec celle d’un salarié lambda. Il y explique comment le football est devenu et reste un spectacle unique par sa capacité à toucher des foules toujours nombreuses. Comment aussi les dirigeants du football ont dû batailler, et bataillent encore, pour faire du football une sorte d’espace réglementaire préservé d’une large part des lois qui s’appliquent aux autres activités économiques.
C’est de ce cocktail unique de particularités que provient cette valeur économique et médiatique. Valeur aussi assise sur un ensemble de pratiques entrées dans les mœurs des fans de football et pourtant uniques et relativement récentes comme le marché des transferts.
De tout ce travail ressort un livre complet et passionnant. Certes, le style est celui d’un travail universitaire et donc, forcément, un peu compliqué d’accès. Mais un livre qui interroge sur des pratiques pourtant devenues habituelles pour les footballeurs comme pour les passionnés et qui permet de prendre un recul salutaire sur un univers vraiment hors-normes.
Critique par Didier Guibelin