Maradona
Ah le football et ses histoires, surtout quand elles sont racontées avec le cœur et la plume aiguisée. Nous tentons, chaque jour avec les copains de Livres de Foot, de vous faire découvrir ce ...
Ah le football et ses histoires, surtout quand elles sont racontées avec le cœur et la plume aiguisée. Nous tentons, chaque jour avec les copains de Livres de Foot, de vous faire découvrir ce lien fort et profond qu’entretiennent le football et la littérature, car oui, le football et le sport en général se raconte, se transmet, se partage à travers le temps et les mots. Oui la littérature et le ballon rond ont des richesses à faire jaillir, des liens étroits entre les mots, les émotions et la transmission. Et parmi les exemples de ces ouvrages à mettre en vitrine, enguirlandés de lingots d’or, figure incontestablement, selon la pensée de l’auteur de ces lignes, le livre de Philippe Vilain : « Maradona ». Issu de la collection « Icônes » de la maison d’éditions Les Pérégrines, cet essai est un hommage à la singularité d’un joueur pas comme les autres, un discours du cœur de l’auteur, amoureux de l’ancienne gloire de l’Albiceleste, qui continue, malgré sa mort récente, d’alimenter toutes les discussions. Car une légende, à priori, ne meurt jamais. Je découvre, avec bien trop de retard, la force du message envoyé par Philippe Vilain, la justesse et la finesse des mots, qui viennent nous toucher profondément. La hauteur du jugement, la réflexion et le partage d’une vision sans égratigner celles qui pourraient venir la défier, avec un argumentaire laissant parler la raison mais surtout les émotions. Sans en faire trop, « car tout a déjà été dit sur Maradona ». Cet essai et ses cent pages viennent nous enlacer de douceur, nous amènent avec eux sur les potreros, auprès de celui qui sera resté fidèle à l’homme qu’il était, aux valeurs qui étaient siennes.
« Evoquer Maradona nous conduit inévitablement en dehors des terrains de football, sur ceux de la philosophie, de la littérature ou de la sociologie. » Car oui, Diego Armando Maradona n’est (impossible de parler de lui au passé) pas comme tous les autres, en tant que joueur mais aussi et surtout face au jugement que les gens peuvent lui porter. Un personnage clivant, que Philippe Vilain décrit avec bienveillance et cohérence dans son ouvrage. Quelques pages qui viennent contrer la méchanceté gratuite, le manque de hauteur du procès à son encontre, les limites d’un diagnostic bien trop réducteur. Une (re)mise en contexte qui, dans une époque comme la nôtre, ne peut qu’être bénéfique. C’est, selon ses dires, le premier texte de l’auteur sur le football ; quoi de mieux que de parler de son idole, de pouvoir mettre les mots sur toutes ces émotions, ces souvenirs, cette vision…
Une incroyable aura, figure de la passion populaire, un héros tragique, engagé, le diable au corps. Qu’est-ce qu’être exemplaire ? La main de Dieu, ou l’éthique de la faute, le football est poésie, pourquoi Maradona est le plus grand joueur de tous les temps ? AD10S… 10 chapitres (tiens donc) courts mais riches d’enseignements, qui nous font voyager dans le temps et sur les terres napolitaines, où semble vivre l’auteur[1]. Le cœur je vous ai dit, le cœur.
« Son dribble et sa feinte donnent les éléments d’une poétique du déséquilibre, d’une narration déraisonnable exprimant en creux l’histoire de sa propre chute et de sa néantisation : funambule, Maradona semblait en effet se tenir, dans son dribble, sur les cimes du volcan, au bord du précipice, du déséquilibre et de la chute, de l’effondrement et du chaos, avant l’anéantissement ou l’extase. » Un ouvrage truffé de romantisme mais surtout de virgules entre les mots car il en faut, autant de dribbles littéraires comme avait pour habitude, face aux ténébreux adversaires, Diego de faire…
Merci pour ces lignes, sincèrement.
[1] Philippe Vilain vit entre Paris et Naples.
Critique de Jean-Félix Juguet Piazzolla