« Stade rennais data story », la bible des statistiques sur l’histoire du Stade rennais est sortie en fin d’année 2022, pour le plus grand bonheur des supporters rouges et noirs. Une compilation de chiffres et de stats retraçant l’histoire du club et liant le passé au présent afin d’affronter l’avenir avec aplomb. Un travail dantesque réalisé par toute l’équipe de Rouge Mémoire, un média rennais au plus près de l’actualité du club et de ses statistiques. Leur site internet est une mine d’or pour tous les amoureux des chiffres et du club du bord de la Vilaine. Entretien avec Fabrice Pinel, créateur de Rouge Mémoire et tête de gondole de ce projet mathématico-littéraire.
Fabrice, que représente cet ouvrage, d’avoir pu mettre sur papier tout ce travail faramineux que vous réalisez au quotidien, quel est l’objectif derrière tout ça ?
Ce livre est la concrétisation matérielle de tout ce que fait Rouge Mémoire depuis onze ans maintenant, tel un objet de tout ce que l’on peut faire même s’il n’a pas été facile à organiser car on a pas mal de données. Au début, l’éditeur Vademecum me montre un livre type (Racing data story, sur le club de Strasbourg) et il devait faire entre 120 et 130 pages, c’était l’exemple de départ. Le but était de partir sur le même modèle à Rennes… et au final l’ouvrage compte 288 pages… On a dû faire à notre sauce avec notre base de données maison (aucun accès à une banque de données autre). Ce livre est le résultat de toute la quintessence de tout ce travail fait par toute notre équipe. Je cite les cinq membres principaux : moi-même Fabrice, le créateur, Mathieu l’archiviste en chef qu’on ne présente plus qui m’a rejoint en même temps que Pierre Roland qui est le développeur du site web et qui nous permet d’avoir un site très pro, de générer des calculs de données que moi je ne maitrisais pas, que je ne savais pas faire. Cela apporte de la donnée supplémentaire en plus d’avoir un beau site web. Depuis 2020, nous ont rejoint John Gray qui traduit l’intégralité du site en anglais et Franck Peutrec qui nous permet de compiler un peu plus vite qu’auparavant les saisons qui nous manquent. Nous avons dû faire l’impasse sur certaines choses car tout ne pouvait pas entrer dans ce livre, notamment les données de matches. On verra si cela pourra être l’objet d’un nouvel ouvrage… Mais là, avant, c’est un peu de repos.
Quel est le rôle du club dans cette aventure ? Comment ça s’est passé, quel soutien dans l’élaboration de cet ouvrage ainsi que la relation avec l’éditeur Vademecum ?
Le lien avec le club autour de ce livre part du fait que c’était un projet tout de même assez ambitieux. Je me voyais mal délivrer un livre sur le Stade rennais sans avoir son logo dessus et sans être autorisé à le mettre… C’était donc la première étape : pouvoir utiliser leur image, leur logo, dès la Une du livre. Nous avons pris contact avec Jacques Delanoë (président du conseil d’administration du Stade rennais FC, ndlr) avec qui nous avons également établit la construction de la galerie des légendes et qu’on connaît donc un petit peu. J’avais l’envie qu’un membre du club puisse préfacer le livre et comme Jacques Delanoë était notre interlocuteur principal, c’est lui qui a fait la préface et c’est très bien. De l’utilisation de leur logo ont découlé d’autres opportunités : qu’ils puissent le distribuer dans leur boutique, qu’ils en fassent un peu de com’, qu’ils le mettent en lot sur certains événements, une séance de dédicaces à la boutique et dans le cadre de l’élaboration du livre, pouvoir nous fournir en images. En effet, le droit à l’image dans la confection d’un livre c’est pire que tout… Le club nous a bien aidé ! De l’autre côté il y a l’éditeur, qui lui ne s’est pas occupé de ça, étant à Strasbourg et sans contact à Rennes. J’étais le relais entre les deux.
Ce livre parle surtout de chiffres, de données statistiques qui sont forcément éphémères quelque part, le fait de mettre ça sur papier n’est-ce pas dangereux, du fait de leur mouvance ? Vous y avez pensé à ça ? C’était un frein au départ, de se dire que ce que vous mettez en avant dans ce livre peut changer à tout moment, dans quelques mois, quelques années ? Est-ce que ça nous donne une info sur une éventuelle suite à donner à tout ça ?
Forcément on y pense… Quand l’éditeur nous propose en mars 2020 de faire un livre comme à Strasbourg c’est la première chose que je me dis… Mais l’idée a fait son chemin jusqu’au début de l’écriture en janvier 2022. Comment faire pour rendre un livre que ne sera pas caduc une semaine après sa sortie ? C’était ça la question. Les stats compilées dans le livre sont des stats « figées », qui ne changeront plus… Depuis que je suis tout petit, ça a toujours été Grumellon et Rodighiero les deux meilleurs buteurs du club, on parle d’un joueur des années 40-50 et d’un autre années 60-70 donc tu vois, dans le temps, ce genre de record ne bouge pas forcément. Pareil pour les matches joués. Tous les leaders de classements ne bougent pas à travers les siècles. A titre d’exemples, Bourigeaud qui comptabilise quand même près de 250 matches avec le SRFC devrait encore jouer 5 saisons pour battre Boutet… C’est comme ça que s’est construit ce livre, autour de stats qui ne fluctuent pas de suite. Les séances de tirs au but sont passées donc ne changeront plus, les joueurs ayant participé à un Euro ou un Mondial idem… Quand j’étais gamin je collectais déjà tout ça, j’aurais rêvé avoir ce genre de livre (rires), même si on avait Claude Loire qui faisait un travail formidable. Mais oui ça a été longuement réfléchi, même si les suites de classements peuvent bouger en effet. Ce genre de livre peut être réactualisé tous les dix ans environ, on verra où on sera à ce moment-là ! Les projets ne manquent pas, sous différents formats…
Est-ce que tu sais si d’autres projets similaires sont prévus avec certains clubs ? Est-ce que l’éditeur a pour objectif d’étendre ce procédé à d’autres institutions ? Et pour Rouge Mémoire, ça donne envie d’avoir d’autres projets littéraires ?
Dans les « Data story », c’est le quatrième exemplaire. Le pionnier est Strasbourg avec « Racing data story ». S’en sont suivis « ASNL data story » pour Nancy et « Lens data story » avant le nôtre. A Strasbourg, le nom du club et le logo n’apparaissent pas car les contacts sont au point mort avec le club et l’utilisation de l’image de celui-ci était donc impossible… L’objectif de l’éditeur est de trouver un « Rouge mémoire » dans chaque club de l’hexagone si possible ! L’éditeur est un retraité qui a gardé sa maison d’édition et qui se fait juste son « kiff » et souhaiterait avoir un livre sur chaque club de foot important en France. A titre personnel, c’est un rêve de gamin de pouvoir faire un livre, même sans en connaître le contenu, le sujet. L’évidence était de parler du Stade rennais. J’aime beaucoup les livres en général, à thématiques précises plus que de la fiction. Je me réserve le droit d’en faire d’autres également mais sur divers sujets… Je découvre le monde de l’édition, des librairies, des distributeurs. C’est très chronophage, la promotion, les contacts, la distribution mais c’est un milieu qui m’intéresse.
Interview par Jean-Félix Juguet Piazzola