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ITW – Julien Müller présente « Calcio je t’aime »

Votre avis sur ce livre ?

Passionné de sport, Julien Müller, a publié son dernier livre au titre explicite Calcio je t’aime !

Après 2 livres dédiés au basket (que je vous recommande vivement !), et 2 autres sur le football, l’auteur a repris la plume pour déclarer sa flamme à un football qui nous a tous marqué.

À travers cette ode à l’âge d’or de la Serie A, on replonge dans les années fastes d’un pays dont même la géographie de son territoire est une dédicace au football.

Il y en a pour tout le monde. Pêle-mêle, il y en a pour les nostalgiques de la Juve de Platini et du Napoli de feu Diego, ceux qui ont été subjugués par le Milan de Berlusconi, ceux marqués par la Viola de Batigol et Rui Costa ou le Parme des Buffon, Thuram, Cannavaro, Crespo and co, sans oublier l’Inter du Mou au triplé historique.

Difficile de tous les citer, donc sans plus attendre, chevauchez la Vespa pilotée par Marty Mc Fly et andiamo !  

 

 

Peux-tu te présenter en quelques mots auprès des lecteurs ?

Julien, depuis peu quarantenaire malheureusement, gros drogué de sport en général et fan de foot depuis 1989-1990. Amoureux du foot italien de la grande époque de la Serie A dont je parle dans mon livre.

 

Quelle a été la genèse du livre ?

Avant toute chose j’avais envie de faire un livre positif sur le foot, chose qui manque à mon sens actuellement. De manière générale, on a beaucoup d’émissions de « talk », mais dans le mauvais versant de l’échange. La critique non constructive occupe une place prépondérante dans les médias de nos jours. Par conséquent, je voulais proposer un produit qui valorise et partager avec les lecteurs toutes les émotions que ce championnat m’a procurées.

Étant fan inconditionnel de la Nationalmannschaft, pas la peine de rappeler que la Nazionale est la bête noire de ma team… J’ai donc grandi non pas avec une aversion pour les Italiens, mais pour cette crainte qu’ils allaient in fine nous refaire un coup de Trafalgar. Du coup j’ai commencé mon histoire d’amour par de la tristesse, puis je suis passé aux rêves que les équipes de ce championnat m’ont procurés.

Au-delà du football, je suis amoureux de l’Italie : de la langue, de la gastronomie et les couleurs on ne peut que succomber aux charmes de ce pays.

 

Dans le livre tu as une période ciblée…

Oui 1982-2006, c’est marrant, car ce sont les deux dernières victoires italiennes à la Coupe du Monde.  Cela s’explique aussi par l’arrivée de Platini en 82 et le Calciopoli qui explose en 2006.

Avant l’arrivée de Platini c’était bien, mais ce transfert apportait une touche française évidemment, une lumière sur un championnat qui était fermé. Il arrive avec son génie, son talent, son intelligence… C’était le meilleur joueur du monde qui arrive dans un championnat étranger où évoluaient les joueurs champions du monde et il pose ses valises dans le club où il y en avait le plus. Automatiquement la projection médiatique s’est faite naturellement, après tout l’engouement a suivi.

Dans la foulée, tu as Maradona qui arrive et prend le relai de Platini quand les prestations de ce dernier diminuent, et au moment où Maradona baisse de régime c’est Matthäus qui prend le relai, puis c’est Van Basten, et ainsi de suite. Au final c’est le lieu de rendez-vous des meilleurs joueurs du monde.

L’attrait pour ce championnat est donc naturel du fait de cette concentration des talents et des productions proposées par les autres championnats européens :

  • La Liga était un championnat violent,
  • En Angleterre c’était kick and rush pas aussi sexy que l’expansion de la Premier League que l’on connait aujourd’hui,
  • La Ligue 1 c’était bien, mais elle ne rayonnait pas autant au niveau mondial que la SerieA,
  • L’Allemagne quant à elle a toujours ce côté froid et pâtissait malheureusement de cette défiance.

Après, le Calciopoli vient clore cette idylle entre ce championnat et moi. C’est une véritable cassure, car on avait la confirmation que ce qu’on redoutait, mais à un niveau que même les plus pessimistes n’osaient imaginer. La note de téléphone de Moggi devait être folle surtout à une époque où les forfaits n’étaient pas aussi attractifs qu’aujourd’hui (rires).

Tu en arrives quand même à rétrograder la Juventus, retirer des points au Milan et que derrière ça tarde à se reconstruire automatiquement c’est moins intéressant.

Malgré l’arrêt Bosman tu avais quand même une culture italienne, mais les années 2010 c’est l’explosion du foot business. Arsenal aligne un XI sans Anglais, au Real les meilleurs joueurs c’est que des étrangers. Cette culture italienne avec ce style de jeu, ces polémiques, tu les retrouvais dans quelques grands chocs, mais ça n’avait clairement plus la même saveur.

 

Tu ne te cantonnes pas qu’au football de clubs et fais un crochet avec l’équipe nationale, pourquoi cette petite parenthèse ?

Ma première compétition foot, c’est le Mondiale 90 que je continuerai à défendre jusqu’à ma mort, parce que tout le monde le déteste. Je trouve qu’il avait un charme fou : la dernière édition avec les maillots sans les noms, la dernière avec la « passe au gardien », la dernière où il n’y avait pas l’affichage du score fréquemment. Je pense aussi qu’on a le dernier carré le plus fou de l’Histoire ! En plus, cerise sur le gâteau la RFA gagne donc ça a dû jouer un peu aussi.

J’ai grandi avec une équipe d’Italie qui gagnait énormément en clubs, mais qui était poissarde comme pas possible en sélection, avec un de mes joueurs de cœur Roberto Baggio qui enchainait les déceptions tout comme Paolo Maldini que j’adore. Je trouve que quand tu affrontes des sélections comme l’Italie ou le Brésil, ces rencontres ont une saveur particulière. Tu sais que ça va être prestigieux.

Après je parle de la Nationale de manière détournée à travers des joueurs ou des coachs, mais j’aurais pu développer davantage vu la matière qu’il y a à traiter.

 

Sur cette période si tu devais retenir une équipe et un joueur, lesquels seraient-ils ?

Vu que la période est large, on va scinder par décennie…

Le premier joueur qui vient c’est Platini dans le sens où il est arrivé à un niveau de football qui était rarement atteint et il l’a réalisé dans le championnat le plus difficile. Les gens ne mesurent pas bien qui était Platini et ce qu’il a fait dans ce championnat-là.

Après affection toute particulière pour Roberto Baggio, car c’est la classe, c’est l’élégance, c’est la poisse et il a joué dans trois plus grands clubs italiens et personne ne lui en veut c’est assez révélateur.

Et quand tu entends Italie y’a défense qui va avec, donc je me dois de citer Paolo Maldini, car c’est un joueur que j’ai suivi du début à la fin.

 

En termes de club à titre personnel c’est l’AC Milan, car quand j’ai grandi le monstre c’était les RossoNerri, mais rétrospectivement et dans l’ensemble c’est forcément la Juve, car ils ont toujours été là, ils ont toujours enchainé avec les grosses équipes. Malgré toutes les casseroles qu’ils ont eues tu ne peux que t’incliner devant la Juve qui a su toujours sortir de manière régulière des perles et enchainer les équipes de ouf. Dans les 90’s c’est Dream Team sur Dream Team.

 

Comme tu l’écris dans les premières pages de ton bouquin, c’est une « déclaration d’amour à la Serie A », on va passer en mode portrait chinois. Si tu devais choisir un lieu pour un rendez-vous ?

San Siro ! Direct ! Pour l’anecdote je n’y suis jamais encore allé. J’étais à Milan en octobre dernier pendant la Ligue des Nations, je voulais à la base y aller pour voir un match italien, mais vu la qualification de la France j’essaie de trouver mon sésame, ascenseur émotionnel, le site bug : je reçois la confirmation que j’ai ma place, mais le lendemain on me dit ce n’est pas bon et plus aucun billet disponible à la vente. Je me rends tout de même au stade le jour du match, mais impossible de surcroit avec le protocole Covid. Je croise Clément d’Antibes et même lui n’a rien pu pour moi (rires) ! Je l’ai vu, mais je n’ai malheureusement pas pu y pénétrer.

San Siro ça représente l’ouverture du Mondiale 90, ça représente Milan et l’Inter (enfin Giuseppe Meazza, mais on s’est compris), c’est les finales de Ligue de Champions 2001 avec le Bayern c’est le petit bonus en plus.

En dehors de ça, ce stade représente le foot italien dans tout ce que j’aime.

Après j’ai eu la chance de faire un derby dans le Stadio Olimpico, j’ai fait Naples, la Samp, le Genoa, mais pour moi c’est typiquement le stade italien. Public proche de la pelouse, sans une piste d’athlétisme horrible. Je sais qu’ils vont le détruire donc on peut remercier le Covid pour ça.

 

Quel serait le beau papa que tu aimerais avoir (président ou joueur qui a de la « bouteille ») ?

Agnelli avait un côté père de famille ou, en joueur, soit Baresi soit Gaetano Scirea qui représent très bien le foot italien : fidélité, deux clubs mythiques, défenseurs hors pair, les projections de Baresi, l’élégance et le côté fairplay pour Scirea.

 

La tenue pour séduire (le maillot) ?

Ah là tu m’embêtes, il y en a deux c’est vraiment spécial : le maillot de la Samp RG en bleu que j’ai trouvé magnifique, évidemment le maillot Nitendo de la Fiorentina parce que Batistuta c’est un de mes gars.

Le maillot le plus beau c’est la Juve : le simple avec les bandes noires, blanches, le petit carré au dos, n°10. Là t’es bien !

Après j’aime beaucoup le maillot de l’Inter, mais le maillot iconique de la SerieA c’est la Juve.

 

L’amour à l’italienne ça se montre, plutôt ça se chante, si tu devais retenir un chant de supporters ou une déclaration iconique ?

Le chant de supporters ce serait celui du public de la Roma avant leurs matchs, pour l’avoir vécu dans un derby, ça fou les frissons !

Pour la déclaration j’avais beaucoup aimé celle de Lippi : « ce n’est pas le plus beau des championnats, ce n’est pas le plus élégant, ce n’est pas le plus spectaculaire, mais c’est le plus dur. »

 

La célébration que tu ferais après avoir conclu avec ta moitié ?

Je ferai bien un petit pouce à la Francesco Totti parce que ça voudrait dire qu’il y a un petit bébé qui va venir on va dire. En plus Totti c’est un joueur particulier pour moi.

Après dans les célébrations j’ai toujours eu une fascination pour celles de Filipo Inzaghi. T’avais l’impression qu’il marquait le but en finale de la Coupe du Monde à la 90ème mais en fait c’était 3-0 contre Lecce. Dans les deux cas, c’était la même intensité. C’était aussi presque tout le temps dans un égoïsme énorme, il venait de recevoir un caviar, il marquait du genou et il faisait croire qu’il avait fait un slalom en driblant 10 joueurs. Ça m’avait toujours fait marrer et j’avais trouvé ça génial. Il avait vraiment la passion du football italien.

 

Du coup après avoir conclu et la naissance qui suit, si tu devais citer le joueur qui résume au mieux pour toi l’expression « enfant du club » ?

J’aurai dit Totti. Après Maldini se pose parce qu’il a quand même une filiation avec le père et maintenant le fils qui arrive.

J’allais oublier Del Pierro, qui ne quitte pas le navire et reste avec sa Juve en Serie B même s’il n’a pas commencé à Turin, qu’il est parti voir ailleurs, il représente quand même la Juve.

Nesta s’invite aussi à la table, mais il part à contrecœur. Quand tu relies son interview, il fait la gueule il ne voulait pas y aller, il ne voulait pas partir à Milan. Il y a pire comme punition que d’évoluer au côté de Paolo Maldini.

 

 

 

On dit souvent que les histoires d’amour finissent toujours mal, le clash qui symboliserait la rupture.

Forcément j’ai été marqué par Ronaldo qui quitte l’Inter. C’est mon joueur préféré et il s’était très mal comporté. Ce n’était pas bien ce qu’il a fait, clairement. Ils l’ont soutenu, c’était juste après le titre de 2002 qu’ils avaient perdu, c’est forcément très moche.

C’était certes le foot et le business mais c’était forcément déçu.

On peut aussi citer le départ de Baggio à la Juve quand il était à la Fiorentina. Là aussi contrecœur, là aussi grosse embrouille, l’année d’après quand il ne veut pas tirer le pénalty enfin tout ça on connait quoi…

 

Dans ton bouquin tu cites un autre livre, celui de Chérif Ghemmour : Johan Cruyff, génie pop et despote. Quel serait selon toi le podium olympique de la littérature footballistique ?

Médaille d’or pour celui de Chérif Ghemmour assurément parce que je l’ai trouvé passionnant à lire dans le travail de recherches. J’ai également beaucoup apprécié les dialogues, le ton, le traitement du sujet.

Médaille d’argent pour un livre de Jacques Tibert paru en août 1975 : Beckenbauer, Kaiser Franz. Dans cet ouvrage l’ancien rédacteur en chef de l’Équipe revient sur le parcours de la légende du football mondial. J’ai reçu ce livre quand j’étais petit, ce n’est pas le beau livre, mais j’y porte une valeur sentimentale importante.

Pour compléter le podium, aussi une valeur sentimentale c’est l’Année du football qui m’a permis de parfaire ma culture dans ce sport.

 

Dernière question, minute VRP, quels arguments tu mettrais en avant pour donner envie aux personnes qui vont lire cette interview de se procurer ton livre ?

C’est un livre sur le meilleur football de clubs de l’Histoire. C’est un livre détente où on rigole deux, trois fois, où on réagit et on peut être en désaccord. J’aime le débat donc ça ne pose pas de problème.

C’est un livre qui est, sans prétention aucune, bossé et documenté.

Les bas de page viennent compléter la compréhension du lecteur et contextualisent mes propos.

C’est un livre sincère. Je n’ai pas fait beaucoup coup de gueule, mais quand j’en fais c’est réel et c’est expliqué. Tout comme chaque déclaration d’amour est explicitée.

C’est vraiment la passion avec tout ce que ça comporte : l’excès, le manque parfois d’objectivité, le côté nostalgique sans tomber dans le poncif « c’était mieux avant ».

C’est un livre qui se lit vite et bien, sans forcément suivre l’ordre chronologique du sommaire. Au grès des humeurs, le lecteur peut naviguer de chapitre en chapitre à sa guise.

 

Propos recueillis par Rafik

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