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[CRITIQUE] Le Petit Sultan

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Le Petit Sultan
Titre: Le Petit Sultan
ISBN13: 9782914773973
Editeur:
Genre:
Nombre de pages: 304
Publié: 08 mars 2022
Étiquette:
Catégories: ,
Prix: 20€
Le jeune Youger est vite repéré pour ses talents de footballeur. Après une immersion dans un milieu dont il maîtrise mal les codes, il est sur le point d’exploser au plus haut niveau lorsqu’il commet une maladresse qui entraîne son exclusion de l’équipe de France espoirs, s’attirant un déferlement de haine sur fonds de crise identitaire française. Il est alors sollicité par un club en pleine ascension qui a la particularité de n’engager que des jeunes issus des banlieues, dirigé par un curieux triumvirat. On va alors croiser un agent véreux, un ancien combattant du FLN au passé mystérieux et Kaïs, maître à jouer du puissant club parisien et grand rival de Youger. Entre Youger le banni et lui, l’affrontement est inévitable. Avec cette plongée dans la fabrique à rêves du football, l’auteur explore plusieurs enjeux comme le poids de l’héritage familial et colonial, le nationalisme, la place de la religion…
3.9Note globale

Le Petit Sultan

On dit souvent que le sport est le miroir de la société. Dans son roman « Le Petit Sultan », paru aux éditions Zellige, Abdelkrim Branine nous livre une fiction où la ligne de démarcation avec la ...

  • Intérêt Football
    3.5
  • Style
    3.5
  • Accessibilité
    4.5
  • Impression générale
    4.0

On dit souvent que le sport est le miroir de la société. Dans son roman « Le Petit Sultan », paru aux éditions Zellige, Abdelkrim Branine nous livre une fiction où la ligne de démarcation avec la réalité est parfois très poreuse.

Par le truchement de l’histoire du personnage principal, l’auteur nous livre une analyse sociologique très intéressante.

Un jeune issu de la troisième génération de l’immigration algérienne, ayant des parents qui avaient d’autres ambitions pour leur progéniture que les strass et paillettes du football circus, intègre le centre de formation et réalise ses débuts en professionnel dans le club phare des Bouches du Rhône.

Sur fond de crise identitaire, et après une célébration polémique lors d’un match avec les Espoirs Tricolores contestant une bavure policière, l’avenir radieux qui lui était promis s’assombrit brusquement à la suite d’une sanction infligée par la Commission de discipline de la Fédération Française de Football.

Tout parallèle avec des événements s’étant produit dans la réalité, où les pressions médiatico-politiques sur la gouvernance de la 3F ont eu raison de la mesure et de l’objectivité de cette émanation du ministère des sports, serait fortuit.

Pour relancer une carrière qui prend tout sauf le sentier qui lui était prédestiné, Yougerten se relance dans un club qui lui ressemble : l’U-TESS.

À la tête de cette institution, un triumvirat d’amis d’enfance a réussi à installer dans l’élite l’équipe de Nanterre et en faire l’étendard de toutes les banlieues d’Ile de France et de Navarre. Ces valeurs populaires viennent s’opposer frontalement au bling bling du club phare de la ville Lumière passé récemment sous pavillon d’un émirat du Golfe.

Contrairement à la réalité, ce club historique a deux groupes de supporters aux idées politiques diamétralement opposées. Au-delà de l’amour du blason, un joueur formé au club sera le diplomate en chef de l’armistice signé entre les deux Kops. Ce milieu de terrain n’est ni plus ni moins que le rival numéro 1 de Yougerten dans son parcours professionnel. Évoluant au même poste et capitalisant sur l’aura de ses couleurs, il s’installe en Espoirs et s’acoquine avec un trublion du PAF qui se lance dans la politique avec des idées notoirement xénophobes. Encore une fois toute ressemblance avec la réalité serait fortuite.

En pleine crise identitaire, et ayant toutes les peines du monde à s’intégrer dans son nouveau club, le Petit Sultan entre dans une zone de turbulence. Quand on est perdu, l’un des remèdes et de revenir à ses racines pour sortir la tête de l’eau, s’accrocher aux valeurs qui nous construisent et trouver les ressources nécessaires pour surmonter les épreuves qui se hissent sur notre parcours. C’est ce que va faire Yougerten en s’inspirant du parcours de son défunt grand-père, qui fut un illustre moudjahid de la guerre d’Algérie. Son pays natal et sa fédération lui tournant le dos, son homme à tout faire noue des contacts avec la fédération algérienne…

La suite du long pitch s’arrête là pour vous inciter à vous procurer ce beau roman.

J’ai plus qu’apprécié cet ouvrage car tous les maux de la société dans laquelle nous évoluons et ceux du football français sont abordés sans pincettes ni démagogie par l’auteur : formation, entourage toxique et intéressé des joueurs de foot, charge mentale de certains jeunes sportifs contraints de réussir pour « sortir » leur famille de la précarité et leur offrir un environnement meilleur, l’engagement sociétale des sportifs de haut niveau, le multiculturalisme, l’histoire agitée de la France et ses colonies, le repli identitaire et la monter de la xénophobie décomplexée dans la vie politique et les médias mainstream, le lien entre sport et politique, le poids des médias qui ont la capacité de faire et défaire une carrière en un rien de temps quel que soit le secteur d’activité, la liste et longue et les thèmes cités ci-avant sont non exhaustifs.

Sans spoiler la fin du livre, ce roman est une bouffée d’oxygène dans le climat anxiogène et nauséabond au sein duquel nous vivons. Après une élection présidentielle où l’extrême droite, bien aidée par le travail de normalisation de son discours par certains médias, s’installe durablement comme l’un des courants politique les plus important du pays, et alors que les législatives ont lieu au moment où cette chronique est rédigée, ce livre délivre un message d’espoir et fédérateur : peu importe ton origine, ton sexe, ton âge ou ton activité, si tu crois en toi et si tu te donnes les moyens de tes ambitions : « Faut qu’tu te dises que tu peux être le prince de la ville, si tu veux, où tu veux, quand tu veux… »

4 Comments

  1. Tavernier

    Bonjour, je ne vais pas me cacher, je suis l’un des responsables de la maison d’édition Zellige. Bravo pour ce long pitch, comme vous dîtes. C’est l’un des plus beaux papiers que nous ayons eu, et surtout celui qui exprime le mieux l’esprit du roman et le dessein de l’auteur. Bravo !
    Roger Tavernier

     
  2. Romain RAMBAUD

    Bonjour, vous avez bien résumé ce roman dans votre critique.
    Je ne suis pas trop habitué à lire ce type d’ouvrage mêlant fiction et faits réels autour du football.
    Ce qui est impressionnant est la capacité de l’auteur à intégrer des péripéties du foot français et aussi de notre société (je vous laisse le soin de découvrir lesquelles !).
    Une deuxième lecture serait nécessaire pour ne pas en rater !
    On peut tout de même noter que la prise en main est peut être un peu complexe, notamment pour différencier les protagonistes (surtout ceux qui gravitent autour de Younger).

     

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